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Photo du rédacteurCedric Le Borgne

Mr Kitsh, Pixel Art et Pop Culture…

Dernière mise à jour : 27 juin 2020

Malgré son apparente facilité, l'œuvre de Mr Kitsh interroge notre rapport à l'image et à la technologie. Le pixel peint comme manifeste d'un regard critique de la technologie.



Jean Messerer né en 1979, alias Mr Kitsh, est un artiste issu de l’école du graff, membre du collectif d’artistes « spraylab », mais aussi un graphiste disposant d’une solide formation, diplômé de l’école de Condé.

Depuis 20 ans, il explore diverses techniques picturales, utilisant tant le stylo-bille que le pinceau ou la bombe de peinture.

Il puise l’inspiration dans la grammaire du monde de l’imprimerie avec les trames des techniques d’impression classiques et les pixels de l’informatique.

Ce principe de composition des images à partir de points, lignes ou carrés trouve trace dans toute l’histoire de l’art depuis l’antiquité avec les tesselles des mosaïques gréco-romaines jusqu’au mouvement artistique du pointillisme représenté entre autre par Paul Signac.

Ces techniques jouent avec notre perception visuelle. Notre œil et notre cerveau interprètent ces points ou ces carrés afin de leur rendre leur lisibilité et de reconstituer l’image.

Mr Kitsh utilise ces artifices. Mais il les combine avec le pixel qu’il utilise dans une grande taille faisant ici référence aux jeux vidéos des années 80 aux graphismes si particulier que l’on retrouve dans le courant du pixel art, avec par exemple les célèbres mosaïques de Franck Slama alias Invader.

Mais ici pas de tesselles, ni de savant travail sur un ordinateur. Les images sont décomposées ou recomposées par l’artiste à l’aide d’une grille qu’il prédéfinit et utilise pour réaliser son esquisse que l’on pourrait qualifier d’image en basse définition. Ensuite il peint cette combinaison de carrés ou pixel un par un pour donner cette impression d’images démesurément agrandies ou passées au filtre d’un ordinateur des années 1980. Le sujet se devine alors sur ces grandes compositions qui nous plongent dans un temps pas si lointain où l’image informatique se comptait en centaines de pixels.

Et c’est là le paradoxe ! C’est avec nos technologies numériques actuelles, les smartphones dans nos poches qui prennent des images en dizaine de millions de pixels, que nous pouvons par l’intermédiaire de leur écran reconstituer l’image de ces grandes toiles que réalise Mr Kitsh, toiles qui tendent vers l’abstraction lorsque nous les regardons avec nos yeux.

Les sujets de Mr Kitsh sont issus de la culture populaire, ce qui le place aussi dans l’héritage du Pop Art avec de nombreuses références au cinéma à travers des hommages à des films cultes comme « Le bon, la brute et le truand » de Sergio Leone sorti en 1966 ou « Shining » de Stanley Kubrick en salle en 1980 ; mais aussi à travers des séries de portraits des grandes artistes d’Hollywood.

Le thème du train constitue son autre sujet de prédilection. Support historique de l’art du graffiti, le train est ici traité sous un angle précis puisque c’est seulement l’ancien modèle d’autorail Z 6100 que Mr kitsh représente à chaque fois.

Etonnamment, les tableaux de Mr Kitsh qui semblent à première vue être une référence au modernisme, à la puissance de l’informatique, se révèlent en fait des actes de résistance à cette accélération du temps qu’imposent ces nouvelles technologies. C’est fondamentalement une œuvre nostalgique empreinte d’une époque où l’image numérique était parée de mystères, où les films se réalisaient encore avec une pellicule photographique chimique, et où les trains ne circulaient pas tous à grande vitesse.

Ainsi l’œuvre de Mr Kisth est un hommage au temps qui passe car, si l’image informatique se produit en quelques secondes, il lui faut parfois plusieurs mois pour réaliser les plus grandes peintures qu’il présente.


Cedric le Borgne

Gérant d’ARS ESSENTIA, Galerie d’Art, 9 place Ziem, Beaune, Bourgogne, France

Diplomé d’Etudes Supérieures de l’Ecole du Louvre

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